CHARLES QUINT

Date de référence : 1525

Bon­jour, tu aimes l’Histoire et tu as bien rai­son ! Aujourd’hui, je vais te racon­ter l’histoire de Charles Quint, un per­son­nage majeur de l’histoire de l’Europe, sous la Renais­sance. Charles Quint est à la tête d’un empire tel­le­ment gigan­tesque qu’on dit que le soleil ne s’y couche jamais. Mais diri­ger cet empire n’est pas de tout repos comme tu peux t’en douter.

Regarde d’abord cette frise chro­no­lo­gique : en 1500, Charles Quint naît à Gand, une ville pros­père des Flandres, dans la Bel­gique actuelle. Par son père, Phi­lippe « le Beau », il des­cend de la pres­ti­gieuse famille des Habs­bourg qui règne en maître en Autriche et de celle des ducs de Bour­gogne qui pos­sède les Flandres, les Pays-Bas, et la Bour­gogne. Par sa mère, Jeanne, il des­cend des deux familles qui ont uni­fié l’Espagne, celle de Cas­tille et celle d’Aragon. Héri­tier de quatre dynas­ties, Charles est donc, dès sa nais­sance, l’un des princes les plus puis­sants d’Europe.

Même s’il est issu d’une famille illustre, Charles connaît une jeu­nesse dif­fi­cile. Il n’a que six ans quand son père meurt. A peu près au même moment, sa mère part s’enfermer dans un couvent en Espagne. Pas très éton­nant puisqu’on la sur­nomme Jeanne « La Folle »…C’est donc sa tante, Mar­gue­rite d’Autriche, qui aide le jeune Charles à régner sur ses pos­ses­sions. Il apprend aus­si le fran­çais, la langue de l’élite euro­péenne de l’époque, le métier des armes et la culture che­va­le­resque.

En 1515, Charles est enfin en âge de régner seul sur ses États. Tu ima­gines ? C’est la grande époque des villes fla­mandes en pleine expan­sion éco­no­mique et qui s’enrichissent sous le règne du duc Charles. Nous sommes alors autour de 1517 et tout se passe à mer­veille sauf … en Espagne où le jeune duc se heurte aux grands nobles du royaume et quelques années plus tard, à la révolte de plu­sieurs villes de Cas­tille qui refusent de lui payer l’impôt.

En 1519, son grand-père pater­nel meurt et laisse vide le trône du Saint-Empire romain ger­ma­nique. Vide ? Pas tout à fait. Charles est en bonne place pour récla­mer la suc­ces­sion de son grand-père mais il doit user de diplo­ma­tie pour obte­nir le plus de voix : en effet, le Saint-Empire est doté d’un sys­tème élec­tif, c’est-à-dire que les grands sei­gneurs alle­mands votent pour choi­sir leur nou­vel empe­reur entre plu­sieurs candidats.

Très vite, Fran­çois Ier appa­raît comme le prin­ci­pal rival de Charles dans cette course à la cou­ronne impé­riale. Le roi de France est tel­le­ment moti­vé pour prendre le pou­voir qu’il débourse près d’une tonne et demie d’or pour s’attirer les faveurs des élec­teurs ! Mais, c’est fina­le­ment Charles, deve­nu Charles Quint (qui signi­fie V en latin), qui est choi­si. Tu l’as devi­né, celui-ci s’est assu­ré le sou­tien d’un plus grand nombre d’électeurs en leur ver­sant, tout sim­ple­ment, davan­tage d’or que ne l’ont fait les Français !

Un peu ran­cu­nier, Fran­çois Ier fait de Charles Quint son pire enne­mi : il faut dire que les pos­ses­sions habs­bour­geoises encerclent le royaume de France et repré­sentent donc un dan­ger constant. Pour­sui­vant les efforts des pré­cé­dents rois pour rompre cet encer­cle­ment, Fran­çois Ier réclame la région de Milan, alliée du nou­vel Empe­reur. A la bataille de Pavie, en 1525, les Impé­riaux battent les Fran­çais et Fran­çois Ier, cap­tu­ré, est envoyé en Espagne. Le conflit reprend tou­te­fois dès sa libération.

Charles Quint doit aus­si s’occuper des affaires inté­rieures. Il lui faut ain­si régler l’épineuse ques­tion du… Pro­tes­tan­tisme ! Reve­nons quelques années en arrière : en 1517, un moine de Saxe, un cer­tain Mar­tin Luther, pla­carde ses 95 thèses s’opposant au catho­li­cisme : Luther cri­tique la hié­rar­chie reli­gieuse et l’autorité du Pape, il dénonce le tra­fic des indul­gences et pro­voque un véri­table schisme dans toute l’Europe chré­tienne. L’unité de l’Empire est mena­cée par l’opposition crois­sante entre pro­tes­tants et catho­liques, y com­pris au sein même de la noblesse.

Pire ! les ter­ri­toires habs­bour­geois de l’Empereur sont sous l’emprise d’une nou­velle menace : les Turcs Otto­mans. Régnant en maître sur les Bal­kans, ils assiègent Vienne en 1529 après avoir vain­cu les Hon­grois en 1526 à la bataille de Mohács. Si l’attaque de Vienne est un échec, la nou­velle de la menace est per­çue comme une véri­table catas­trophe par les popu­la­tions de l’Empire qui com­parent les armées turques à celles de l’Apocalypse. Charles Quint pré­fère les com­battre non pas sur terre, mais en mer en mena­çant les pos­ses­sions turques du Magh­reb : Tunis est conquise en 1535 mais Alger reste aux mains des « bar­ba­resques », ces pirates musul­mans au ser­vice des Turcs.

C’est dans ce contexte très instable que Charles Quint, très tôt tou­ché par la goutte, décide de se reti­rer du pou­voir. Il par­tage son Empire, immense mais trop épar­pillé, en léguant en 1556 ses pos­ses­sions fla­mandes et espa­gnoles à son fils, Phi­lippe II. La cou­ronne du Saint Empire revient à son frère Fer­di­nand en 1558. La même année, Charles Quint, l’homme le plus puis­sant d’Europe pen­dant près d’un demi-siècle, meurt dans un couvent en Espagne où il s’était retiré.

Fina­le­ment, que dois-tu rete­nir à pro­pos de Charles Quint ?

-Charles Quint règne sur un immense empire et porte la dynas­tie des Habs­bourg au som­met de sa puissance.

-Par sa riva­li­té avec Fran­çois Ier, il entre­tient les ten­sions entre la monar­chie fran­çaise et les Habs­bourg d’Espagne et d’Autriche.

-Empe­reur du Saint-Empire, il assiste impuis­sant aux bou­le­ver­se­ments reli­gieux que pro­voquent les thèses de Luther. Avec l’arrivée du pro­tes­tan­tisme, la chré­tien­té se voit défi­ni­ti­ve­ment divisée.

-Le siège des Turcs devant Vienne est un véri­table choc. La menace otto­mane ne cesse de s’étendre en Médi­ter­ra­née et dans les Bal­kans au détri­ment des chré­tiens. Charles Quint tente tant bien que mal de ralen­tir leur progression.

A la mort de Charles Quint, les Habs­bourg se trouvent donc à la tête de deux des plus grands royaumes catho­liques : l’Espagne et le Saint Empire romain ger­ma­nique. Ceux-ci vont conti­nuer d’affronter les puis­sances mon­tantes de l’époque comme le royaume de France ou l’empire otto­man. Mais ceci est une autre histoire…

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