LES ARTS SOUS NAPOLÉON

Date de référence : 1804

Bon­jour, tu aimes l’Histoire et tu as bien rai­son ! Aujourd’hui, je vais te par­ler du rôle qu’ont joué les artistes dans la construc­tion de la légende napoléonienne.

Regarde cette frise chro­no­lo­gique : nous sommes en 1799. Le géné­ral Bona­parte accède au pou­voir ! Il devient pre­mier consul de la Répu­blique et donne à la France toutes ses ins­ti­tu­tions modernes : lycées, pré­fets, légion d’honneur ou code civil. Par la suite, le futur empe­reur Napo­léon rem­porte des batailles innom­brables et conquiert une grande par­tie de l’Europe.

Quelle for­mi­dable aven­ture ! Quelles fan­tas­tiques sources d’inspiration pour les artistes du temps de Napo­léon, n’est-ce pas ? Mais de quels artistes par­lons-nous ? A cette époque, un cou­rant artis­tique domine la France : le néo­clas­si­cisme. Ins­pi­rés par les arts grecs et sur­tout romains, les artistes « néo­clas­siques » pro­duisent des œuvres comme le « Ser­ment des Horaces » du peintre David qui devient l’artiste offi­ciel de la République.

Lorsqu’il arrive au pou­voir, Bona­parte ne change rien et adopte l’art néo­clas­sique. David conserve sa place d’artiste offi­ciel et devient le chef de file de jeunes peintres comme Fran­çois Gérard ou Carle Ver­net. Quel est l’objectif de Bona­parte ? Il veut soi­gner à la fois sa propre image et celle de la France, mal­me­née après dix années de révo­lu­tion. Il passe donc de nom­breuses com­mandes des­ti­nées à illus­trer ses vic­toires mili­taires. Bona­parte a bien com­pris l’importance des arts dans la repré­sen­ta­tion du pouvoir.

En 1804, les Fran­çais votent l’instauration de l’Empire : Bona­parte devient l’Empereur Napo­léon. Le 2 décembre 1804, il est sacré*en pré­sence du pape Pie VII en la cathé­drale Notre-Dame de Paris. A cette occa­sion, Napo­léon com­mande un tableau gigan­tesque à David : envi­ron 6 m de haut sur presque 10 m de long ! Regar­dons-le ensemble : le tableau s’intitule « Sacre de Napo­léon », mais en réa­li­té, il capte l’instant où c’est José­phine, la femme de l’Empereur, qui est sacrée. Pour­quoi cela ? Peut-être le peintre David a‑t-il sou­hai­té rem­pla­cer l’aspect domi­na­teur de Napo­léon par un carac­tère plus doux et géné­reux. Et qui sont ces per­son­nages autour du couple impé­rial ? Tout à gauche, les deux hommes vêtus de blanc sont les frères de Napo­léon : Joseph et Louis. Puis à leur droite, on aper­çoit les sœurs de Napo­léon. Encore un peu à droite, ce sont les maré­chaux. Enfin, à droite de Napo­léon, se trouve le pape* Pie VII, assis et bénis­sant son règne. En un clin d’œil, grâce au tableau, on com­prend ce que Napo­léon a sou­hai­té mettre en valeur lors de la céré­mo­nie du sacre : sa per­sonne, sa famille et les fon­de­ments qua­si divins de son règne. C’est une œuvre d’art por­teuse d’un message.

Il y a d’autres exemples. En 1805, l’Empereur rem­porte la pres­ti­gieuse vic­toire d’Austerlitz. Pour fêter cela, il com­mande quatre monu­ments à Paris : l’arc de triomphe du Car­rou­sel, le pont d’Austerlitz, la colonne Ven­dôme et sur­tout le plus célèbre, l’arc de triomphe de l’Etoile, à la taille déme­su­rée, 50m de haut ! Petite anec­dote : savais-tu que la colonne Ven­dôme est construite avec le bronze des canons autri­chiens et russes cap­tu­rés pen­dant la bataille ? 

Napo­léon com­mande éga­le­ment un tableau de cette bataille au peintre Gérard. Essayons de devi­ner ensemble son mes­sage. L’Empereur est tou­jours mis en valeur. Pour cela, le peintre Gérard uti­lise plu­sieurs pro­cé­dés. D’abord, Napo­léon est légè­re­ment plus haut que les autres. Ensuite, alors que tous les autres per­son­nages expriment des émo­tions diverses, l’Empereur paraît très calme, le regard por­té vers l’horizon. Et son che­val, tu as remar­qué ? C’est le seul qui soit blanc, au milieu des che­vaux mar­rons ou gris. Par ailleurs, détaillons un peu l’action ! A gauche, le géné­ral Rapp lui apporte les dizaines de dra­peaux pris à l’ennemi, signe de pres­tige. A droite, on observe des sol­dats enne­mis pri­son­niers, très impres­sion­nés par Napo­léon, et des gre­na­diers de la garde impé­riale, les plus fidèles sol­dats de l’Empereur. Cette œuvre ne cache rien des mal­heurs de la guerre, devant au pre­mier plan, mais elle ali­mente d’abord l’image glo­rieuse de l’empereur Napoléon.

Et toute la socié­té va être influen­cée par une esthé­tique* rude, rigou­reuse, géo­mé­trique, presque mili­taire, à l’image de l’Empereur. Pour cela, Napo­léon encou­rage la dif­fu­sion d’un mobi­lier que l’on appelle de style « Empire » : comme ces chaises qui ont les pieds avants droits et les pieds arrières recour­bés, afin d’avoir une assise solide.

Napo­léon mène une véri­table poli­tique artis­tique. Elle trouve son apo­gée dans la valo­ri­sa­tion du musée du Louvre. Il en confie la direc­tion à Vivant-Denon, artiste et diplo­mate qui sera en quelque sorte son ministre des arts. Pour aug­men­ter les col­lec­tions, Vivant-Denon accom­pagne Napo­léon dans ses guerres et orga­nise le pillage des pays conquis. On s’empare alors de cen­taines d’œuvres d’art dont cer­taines peuvent encore être admi­rées au Louvre de nos jours.

Le règne de Napo­léon marque éga­le­ment la nais­sance d’un rap­port nou­veau à l’art. Il ne s’agit plus de sou­te­nir les artistes imi­tant l’antiquité comme pen­dant la Renais­sance ita­lienne. Désor­mais l’État se donne pour mis­sion de cen­tra­li­ser le plus grand nombre d’œuvres afin de déve­lop­per l’étude et l’enseignement de toutes les formes d’arts. Ces œuvres ne sont plus réser­vées aux rési­dences des nobles, mais doivent sur­tout être acces­sibles au plus grand nombre. Une poli­tique popu­laire qui per­met aus­si d’assurer la pro­pa­gande inté­rieure du régime. […]

Fina­le­ment, que dois tu rete­nir des arts sous Napoléon ?

  • Napo­léon choi­sit le style néo­clas­sique comme style offi­ciel du régime impérial.
  • L’histoire du règne de l’empereur, en par­ti­cu­lier ses vic­toires mili­taires, ins­pirent beau­coup d’artistes talen­tueux comme David, son artiste offi­ciel, mais aus­si des peintres comme Fran­çois Gérard ou Antoine-Jean Gros.
  • Par­mi ces œuvres, on trouve de magni­fiques pein­tures dont tu peux rete­nir le Sacre de David ou la bataille d’Austerlitz de Gérard.
  • Sous l’empire, l’art est des­ti­né à être acces­sible au plus grand nombre de fran­çais, notam­ment à tra­vers les musées dont le déve­lop­pe­ment est confié à Vivant-Denon.

A sa mort, en 1821, Napo­léon entre dans la légende. Les nom­breuses créa­tions artis­tiques sur l’épopée impé­riale ali­mentent un mythe qui ins­pi­re­ra encore de nom­breux artistes et écri­vains jusqu’à notre époque. Mais ceci est une autre histoire…

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