BOURGEOIS ET OUVRIERS AU XIXÈME SIÈCLE

Date de référence : 1841

Bon­jour, tu aimes l’Histoire et tu as bien rai­son ! Aujourd’hui, je vais te racon­ter l’histoire des bour­geois et des ouvriers au XIXème siècle. Regarde d’abord cette frise chro­no­lo­gique. Nous sommes après la Révo­lu­tion fran­çaise de 1789. La période dont je vais te par­ler s’étend sur tout le XIXème siècle. Et même au-delà.

Avant tout, pre­nons le temps de défi­nir ce qu’est un ouvrier et ce qu’est un bourgeois.

A l’origine, un bour­geois est l’habitant d’un bourg. Puis au XVIIIème siècle, c’est celui qui s’enrichit, sou­vent un homme, com­mer­çant ou chef d’entreprise. A par­tir du XIXème siècle, les bour­geois consti­tuent une classe sociale, c’est à dire un groupe à part dans les couches supé­rieures de la socié­té. Quant à l’ouvrier, c’est un homme ou une femme, voire un enfant, qui tra­vaille dans des ate­liers, de tis­sage par exemple. Puis, avec la méca­ni­sa­tion, c’est celui qui tra­vaille dans les usines ou les mines. Sou­vent pauvre, il gagne un salaire ver­sé par le pro­prié­taire de l’usine ou de la mine dans laquelle il tra­vaille. Pro­prié­taire qui est bien sou­vent un bour­geois !A la fin du XVIIIème siècle, les bour­geois et les ouvriers sont encore peu nom­breux. Alors, qu’est-ce qui va chan­ger la donne ?

Ce que tu dois com­prendre, c’est qu’à ce moment-là, bien des chan­ge­ments sont en cours.

D’abord, en 1789, c’est la Révo­lu­tion fran­çaise !En trois ans, l’Ancien Régime est com­plè­te­ment ren­ver­sé et avec lui, toute la socié­té de cour. Les nobles perdent leurs pri­vi­lèges. La figure du bour­geois, de plus en plus impor­tante depuis la Renais­sance, prend alors une nou­velle ampleur : il par­ti­cipe désor­mais à la vie poli­tique. En effet, en 1791, une loi ins­taure le suf­frage cen­si­taire ; seuls les plus riches ont le droit de vote. Cette ascen­sion des bour­geois et ce déclin de la noblesse sont décrits par le célèbre écri­vain Bal­zac, dans son roman « Le cabi­net des antiques ».

Ensuite, la Révo­lu­tion indus­trielle, période pleine d’inventions et de nou­velles machines, pro­fite à la classe bour­geoise : ils créent des entre­prises, des indus­tries. Et quand ils réus­sissent, ils amassent des for­tunes considérables.

A la fin du XIXème siècle, la bour­geoi­sie pro­fite de l’extension du nou­vel empire colo­nial fran­çais en Afrique et en Indo­chine. Elle inves­tit dans les acti­vi­tés indus­trielles et com­mer­ciales entre la métro­pole et ses colonies.

Ces grands évé­ne­ments modi­fient consi­dé­ra­ble­ment la socié­té fran­çaise. Les cam­pagnes subissent l’exode rural, c’est-à-dire que les pay­sans s’en vont trou­ver du tra­vail dans les villes.

Ces pay­sans sont recru­tés dans les indus­tries et deviennent alors des ouvriers.

Les bour­geois, quant à eux, ont ten­dance à être éco­nomes et pré­fèrent épar­gner leur argent. Ils croient dur comme fer à la valeur du tra­vail et au mérite de celui qui se donne à la tâche. C’est dans cet esprit que cer­taines familles consti­tuent au XIXème siècle de grandes socié­tés encore connues aujourd’hui : les familles Peu­geot, Miche­lin ou Bol­lo­ré par exemple. Les bour­geois croient dans le pro­grès, sur­tout le pro­grès tech­nique. Ils sont sou­vent conscients de leurs inté­rêts com­muns mais peinent par­fois à s’entendre car ils sont concur­rents les uns des autres, à tra­vers leurs entreprises.

Les ouvriers, eux, ne se font guère concur­rence, hor­mis durant les grandes crises éco­no­miques. Ils savent qu’ils sont sou­vent peu payés et veulent avant tout l’amélioration de leurs condi­tions de tra­vail et de vie. Pour en avoir une idée, tu peux lire Ger­mi­nal du roman­cier Émile Zola. L’auteur y décrit aus­si la vie d’une famille bour­geoise, pro­prié­taire d’une mine de char­bon. La force des ouvriers dépend de deux élé­ments : d’abord ils sont nom­breux, 3,4 mil­lions en France à la fin du XIXème siècle dans l’industrie. Ensuite ils savent qu’arrêter le tra­vail signi­fie la ruine du bour­geois : la grève est donc un moyen de pres­sion consi­dé­rable. D’abord inter­dite par la loi, la grève est auto­ri­sée à par­tir de 1864.

L’opposition entre ouvriers et bour­geois va durer tout le XIXème siècle. Voyons ça en quelques dates clés : une loi du 22 mars 1841 inter­dit le tra­vail des enfants avant 8 ans. En 1851, une loi limite la durée du tra­vail à 8 heures par jour avant 14 ans. Eh oui, à cette époque, bien des enfants tra­vaillent ! Le droit de grève est obte­nu en 1864. Celui de créer des syn­di­cats en 1884. Il faut attendre 1910 pour que la durée quo­ti­dienne de tra­vail soit de 10h maximum.

Les condi­tions de tra­vail dif­fi­ciles voire dan­ge­reuses pour la san­té, des salaires très bas, pas de congés payés, un seul jour de repos par semaine : toutes ces condi­tions éprou­vantes sont décrites, je te l’ai dit, dans Ger­mi­nal, le célèbre roman d’Émile Zola. La grève, répri­mée vio­lem­ment, est un épi­sode clé du livre. Je te conseille vive­ment de le lire pour mieux com­prendre cette époque.

Les mou­ve­ments ouvriers vont don­ner nais­sance à des cou­rants poli­tiques : le socia­lisme puis le com­mu­nisme. Comme je te le disais au début de cette vidéo, après la Révo­lu­tion Fran­çaise, le bour­geois par­ti­cipe à la vie poli­tique. Avec le socia­lisme et le com­mu­nisme, cer­tains ouvriers veulent aus­si avoir leur mot à dire.

Fina­le­ment, que dois-tu rete­nir à pro­pos des ouvriers et des bour­geois au XIXème siècle ?

  • Plu­sieurs évé­ne­ments par­ti­cipent à l’émergence de ces classes sociales : la Révo­lu­tion Fran­çaise, la Révo­lu­tion indus­trielle, la colonisation.
  • La classe bour­geoise affiche un esprit d’entreprise et réus­sit par­fois à bâtir de grandes dynas­ties indus­trielles comme Peu­geot ou Michelin.
  • Les ouvriers s’organisent pour amé­lio­rer leurs condi­tions de tra­vail et de vie : hausse des salaires, baisse du temps de tra­vail, droit à la grève et créa­tion de syndicats.
  • Les mou­ve­ments ouvriers donnent nais­sance au socia­lisme, puis au communisme.
  • Bal­zac évoque l’ascension de la bour­geoi­sie et le déclin de la noblesse dans son livre Le cabi­net des antiques. Tu peux aus­si lire Ger­mi­nal, de Zola, qui décrit la vie quo­ti­dienne des ouvriers et d’une famille bourgeoise.

L’évolution de la classe bour­geoise et de la classe ouvrière ne s’arrête pas au XIXème siècle. En France, ce der­nier s’incarnera au XXème siècle dans un mou­ve­ment comme le Front popu­laire. Mais ceci est une autre histoire…

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