CHARLES MARTEL

Date de référence : 732

Tu aimes l’Histoire et tu as bien rai­son ! Aujourd’hui, je vais te racon­ter l’histoire de Charles Mar­tel. C’est l’un des plus impor­tants per­son­nages de l’histoire de France car il est à l’origine de la dynas­tie des Caro­lin­giens, une lignée de rois qui va régner durant deux siècles en Europe.

Regarde d’abord cette frise chro­no­lo­gique : en 476, l’Empire romain dis­pa­raît au pro­fit de plu­sieurs royaumes dits « bar­bares ». Sous la direc­tion du roi Clo­vis, les Francs deviennent les plus puis­sants en s’emparant de la majeure par­tie du ter­ri­toire des Gaules. A sa mort, sur­ve­nue en 511, Clo­vis ordonne que son royaume soit répar­ti entre ses fils, ce qui va don­ner nais­sance à de nou­veaux royaumes, plus petits au nord-ouest la Neus­trie, à l’est l’Austrasie, au sud-est la Bour­gogne, et au sud-ouest, le vaste duché d’Aquitaine. A ton avis, est-ce une bonne déci­sion ? Sans doute pas car le royaume franc se trouve divi­sé en plu­sieurs ter­ri­toires dont les riva­li­tés entraînent des affron­te­ments et, par consé­quent, affai­blissent la monar­chie franque.

Les choses s’améliorent sous le règne des rois Clo­taire II et son fils Dago­bert qui par­viennent à réunir tous les royaumes francs sous leur auto­ri­té. Cepen­dant, les vieilles riva­li­tés entre ter­ri­toires ou entre pré­ten­dants au trône conti­nuent d’affaiblir l’autorité royale. Pour ten­ter d’y remé­dier, les rois méro­vin­giens aban­donnent une grande par­tie de leur pou­voir aux sei­gneurs qui les entourent. La noblesse obtient ain­si des res­pon­sa­bi­li­tés mili­taires, des domaines à admi­nis­trer ou des postes de conseiller à la cour comme celui de maire du palais.

A l’origine, le maire du palais est un simple inten­dant qui agit au nom du roi. Mais après le règne de Dago­bert, le maire acquiert de plus en plus de pou­voirs il rend la jus­tice, mène les armées au com­bat et gère les finances du royaume. En tant que des­cen­dant de Clo­vis, le roi méro­vin­gien conserve son titre mais en réa­li­té, il n’a plus aucune auto­ri­té. D’où l’image qu’ont lais­sé les der­niers rois méro­vin­giens, à savoir celle de « rois fainéants ».

Au début du VIIIème siècle, la famille de Charles Mar­tel est déjà très influente. Son père, Pépin de Hers­tal, maire du palais d’Austrasie, est par­ve­nu, vers 690, à pla­cer les royaumes de Neus­trie et de Bour­gogne sous son auto­ri­té. A la mort de Pépin, Charles reprend le flam­beau, écrase ses rivaux en 717 et devient à son tour maire du palais d’Austrasie. Puis, il triomphe de ceux qui s’opposent à son auto­ri­té en Neus­trie et en Aquitaine.

Mal­gré ces suc­cès, Charles n’est pas dis­po­sé à ren­ver­ser offi­ciel­le­ment la dynas­tie méro­vin­gienne qui jouit encore d’un pres­tige impor­tant au sein des royaumes francs. Cher­chant vrai­sem­bla­ble­ment à gagner l’appui de l’Église chré­tienne, très influente à l’époque, il lance des expé­di­tions mili­taires au nord et à l’est de l’Europe contre les peuples encore païens comme les Fri­sons ou les Saxons.

Mais une autre menace va ser­vir ses ambi­tions. Por­tés par l’Islam, cette reli­gion venue d’Orient, les Arabes, aus­si appe­lés Sar­ra­sins, conquièrent pro­gres­si­ve­ment tout le sud du Bas­sin médi­ter­ra­néen. A l’extrémité de ce bas­sin, ils enva­hissent même l’Espagne où ils rem­portent en 711, une vic­toire défi­ni­tive sur les Wisi­goths qui s’y étaient ins­tal­lés trois cents ans plus tôt.

Sous l’autorité d’un sei­gneur que les Arabes appellent le calife, les Sar­ra­sins lancent des expé­di­tions au-delà de la chaîne mon­ta­gneuse des Pyré­nées. Cette fron­tière les sépare de l’Aquitaine, la Sep­ti­ma­nie et la Pro­vence, riches pro­vinces dont ils attaquent les cités comme Nar­bonne ou Bor­deaux. Le duc Eudes, sei­gneur d’Aquitaine, sait que ses seules forces ne sont pas de taille à s’y oppo­ser. C’est pour­quoi, bien que l’Aquitaine ait tou­jours veillé à res­ter indé­pen­dante, il se décide à deman­der l’aide de Charles, désor­mais maire du palais des trois royaumes francs du nord.

Pen­dant ce temps, les Arabes ont pour­sui­vi leurs attaques et se sont empa­rés d’un lourd butin qui ralen­tit leur armée. Celle-ci est fina­le­ment rat­tra­pée aux alen­tours de Poi­tiers par les troupes franques de Charles et du Duc Eudes. C’est là qu’en octobre 732 a lieu la célèbre bataille au cours de laquelle la fureur de Charles lui vaut le sur­nom de « Mar­tel » ou mar­teau en vieux fran­çais. Si la vic­toire des Francs est incon­tes­table, le sud de la Gaule n’est défi­ni­ti­ve­ment débar­ras­sé des Sar­ra­sins qu’une dizaine d’années plus tard, la domi­na­tion arabe se voyant alors limi­tée à la pénin­sule ibérique.

A la mort du der­nier roi méro­vin­gien Thier­ry IV en 737 et mal­gré la renom­mée qu’il a acquise par sa vic­toire sur les Arabes, Charles Mar­tel refuse la dési­gna­tion d’un nou­veau roi. Fort du sou­tien de l’Église et de son auto­ri­té sur l’aristocratie mili­taire, il gou­verne donc le pays… sans roi Tou­te­fois, il prend soin de pré­pa­rer sa des­cen­dance en fai­sant par­ti­ci­per à l’exercice du pou­voir ses deux fils, Car­lo­man et sur­tout Pépin dit le Bref. Bien que Charles n’ait donc, jusqu’à sa mort en 741, jamais por­té la cou­ronne, son action au ser­vice de l’unité et de la pro­tec­tion des royaumes francs a pré­pa­ré le trans­fert du pou­voir royal de la dynas­tie méro­vin­gienne à celle des Carolingiens.

Fina­le­ment, que dois-tu rete­nir à pro­pos de Charles Martel ?

  • Les rois méro­vin­giens n’arrivent pas à res­tau­rer l’ancien royaume de Clo­vis et aban­donnent pro­gres­si­ve­ment leurs pou­voirs au pro­fit de la noblesse.
  • Le maire du palais appa­raît comme le per­son­nage le plus puis­sant du royaume, bien plus que le roi puisqu’il concentre tous les pou­voirs : éco­no­mique, mili­taire, administratif.
  • L’un d’entre eux, Charles Mar­tel se révèle habile poli­tique, grand admi­nis­tra­teur et redou­table guer­rier. Il par­vient à uni­fier et même à étendre les royaumes francs sous son autorité.
  • Après la bataille de Poi­tiers où il l’emporte sur les Sar­ra­sins en 732, Charles acquiert un pres­tige suf­fi­sant pour refu­ser la nomi­na­tion d’un nou­veau roi et régner seul. C’est la fin des Mérovingiens.

Après la mort de Charles, son fils, Pépin le Bref, attend encore dix ans avant de se faire élire roi. Avec lui le royaume des Francs met à sa tête une nou­velle dynas­tie, celle des Caro­lin­giens dont sera issu un cer­tain Char­le­magne. Mais ceci est une autre histoire !

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