Tu aimes l’histoire et tu as bien raison. Aujourd’hui, je vais te parler de Jules César !
Mais revenons un peu en arrière avec cette frise chronologique : Tu connais déjà l’Empire romain avec ses redoutables légions et ses puissants empereurs mais savais-tu qu’au moment de sa création, il y a environ 2800 ans, Rome était d’abord une cité-état avec un roi ? En ‑509, une grande crise la transforme en République avec à sa tête un Sénat, c’est à dire une assemblée élue. Durant les quatre siècles qui suivent, la jeune république connaît une expansion fulgurante : Elle est d’abord vainqueure des Étrusques, puis des Samnites au sud de l’Italie et au nord, l’emporte sur les Gaulois cisalpins. Mais administrer autant de nouveaux territoires en si peu de temps n’est pas chose facile et devient même source de problème.
En effet, ceux qui dirigent la République, qu’on appelle les patriciens, en profitent pour s’enrichir tandis que la classe populaire, les plébéiens, vit pauvrement et finit par exiger une répartition plus équitable des terres et des richesses. La société romaine va alors se diviser en deux groupes politiques : d’un côté les populares, qui exigent des réformes en faveur du peuple, de l’autre les optimates, qui contrôlent le Sénat et veulent maintenir l’ordre en place.
C’est dans ce contexte troublé que naît, vers ‑100, Caius Iulius Caesar. Curieusement, sa famille pourtant patricienne, soutient les populares. Malheureusement pour ces derniers, une guerre civile éclate et les optimates l’emportent. Pour éviter les ennuis, le jeune Jules César rejoint les armées d’Orient. De retour à Rome, quelques années plus tard, il intègre les milieux aristocratiques et occupe différents postes de l’administration romaine. On appelle cela faire le « cursus honorum ». C’est un passage obligé si on veut devenir un personnage important.
Il se débrouille si bien qu’il parvient à devenir le chef des populares et se rapproche de deux personnages influents : Crassus, l’homme le plus riche de la ville et Pompée, un grand général soutenu par les optimates. Les trois hommes forment un « triumvirat » c’est-à-dire une alliance à 3. Ils se protègent et si quelqu’un veut être élu pour un poste, il doit forcément être un ami ou un proche de l’un d’entre eux. Grâce à l’argent de Crassus et au soutien de Pompée, César est finalement élu consul en ‑59 pour une durée d’un an.
Cette fonction prestigieuse lui permet de faire passer plusieurs lois pour redistribuer des terres aux plus pauvres. Il en profite aussi pour faire exiler son rival Cicéron. A la fin de son mandat, il obtient un nouveau poste, celui de proconsul, une sorte de gouverneur, qui lui donne le contrôle d’un vaste territoire dont la gaule transalpine. Quatre légions sont aussi à sa disposition, c’est exceptionnel ! Et ça tombe bien car César a une nouvelle ambition : rivaliser avec Pompée, son ancien allié. Celui-ci avait soumis l’Orient pour Rome. César veut faire de même avec les Gaulois et la Gaule encore indépendante.
D’ailleurs, je devrais dire « les » Gaules indépendantes, tant les Celtes sont divisés, ce qui va encore favoriser les projets du proconsul César. En effet, en ‑58 profitant de l’appel au secours des Eduens, une tribu gauloise alliée aux Romains qui doit faire face à l’arrivée des Helvètes, César pénètre en Gaule avec ses légions. C’est le début de la Guerre des Gaules. Pendant six ans, ses légions se battent contre les Gaulois. Contrairement à l’idée reçue, les Gaulois ne sont pas des barbares, ils connaissent l’ordre et la discipline et opposent une forte résistance à l’occupant romain. En vain. Malgré une grande coalition menée par Vercingétorix, Rome obtient la soumission gauloise après le siège d’Alésia en ‑52. Et que fait César ? Il s’empresse de le raconter lui-même en écrivant Les commentaires sur la guerre des Gaules, quelques mois après la dernière bataille ! César se présente comme un chef de guerre brillant face à des ennemis courageux et rusés. En fait, il fait sa propre publicité ! Encore une fois, il pense à la suite.
Car son alliance avec Crassus et Pompée n’existe plus ! Crassus est mort et Pompée s’inquiète sérieusement des triomphes militaires de son rival. Avec le soutien des sénateurs, il ordonne à César de revenir à Rome pour être jugé. Jules César obéit et revient… mais avec ses légions ! En ‑50, il traverse la rivière qui marque la frontière entre le territoire de Rome et la Gaule cisalpine, le Rubicon. C’est le début d’une nouvelle guerre civile.
Pompée et ses partisans fuient immédiatement la capitale pour rassembler leurs forces en Orient, où le général a de nombreux soutiens. Ils perdent cependant face aux légions de César à la bataille de Pharsale, en ‑48. Pompée est donc obligé de fuir jusqu’en Égypte où il est assassiné par les princes locaux. Quand César arrive, il rencontre Cléopâtre et en tombe éperdument amoureux !
Revenu à Rome, il organise plusieurs « triomphes » et des célébrations gigantesques. Sa popularité est totale. Clément envers ses anciens adversaires, il les autorise à rentrer à la capitale. Le monde romain retrouve la paix sous son autorité. Mais des Sénateurs mécontents complotent contre lui. Ces hommes craignent que la République vole en éclats face à un homme aussi fort. Ils prennent alors une terrible décision : le 15 mars ‑44, César est assassiné de 23 coups de couteaux en plein Sénat.
Finalement, que dois-tu retenir de César :
- Jules César est né vers ‑100 à Rome, à l’heure où la République est profondément divisée.
- Habile politicien, il gravit les différents échelons du pouvoir en s’alliant avec ses rivaux, Pompée et Crassus avec qui il forme un triumvirat.
- Brillant général, il bat les tribus gauloises entre ‑58 et ‑52. Il triomphe ensuite de Pompée et de ses partisans lors de la guerre civile.
- Finalement, il rétablit l’ordre au sein de la République. Mais terrifiés à l’idée que César devienne un dictateur jusqu’à la fin de sa vie, certains Sénateurs décident de l’assassiner.
Evidemment, la mort brutale de César relance aussitôt la guerre civile. Le feu couvait sous les cendres ! Pour que la paix revienne, il faudra attendre que le jeune Octave, fils adoptif de César, unifie et pacifie ce qui deviendra… l’Empire romain. Mais ceci est une autre histoire !